J’ai toujours plébiscité la psychanalyse. Enfin non ! pas à l’adolescence lorsqu’on m’obligeait à voir un psy quand je ne l’avais même pas demandé.
Mais au fond, même dans mes périodes les plus réfractaires, j’ai toujours eu la conviction que la psychanalyse est un outil incontournable quand il s’agit de se confronter à soi-même et à ses démons.
Fille de psychanalyste, et baignée depuis de nombreuses années dans les concepts lacaniens, je considère la parole comme une valeur inestimable, indispensable. D’ailleurs je parle tout le temps, je suis une bavarde impénitente. À l’âge adulte, j’ai entrepris une thérapie avec une femme tellement géniale qu’une fois arrivée au Québec je n’ai jamais eu envie de voir quelqu’un d’autre. Il faut dire aussi que l’Amérique du Nord fait plus de place aux thérapies comportementalistes et je ne les aime pas. Cela pourra être le sujet d’un autre billet. Pour faire l’histoire courte, je considère cela comme un cautère sur une jambe de bois. Ça déplace le bobo un point c’est tout !
Durant l’année qui vient de s’écouler, je me suis débattue avec une anxiété chronique grandissante devenant presque invalidante. J’ai navigué tant bien que mal entre attaques de panique et nuits d’insomnie, jusqu’à me retrouver confrontée à des phobies que je n’ai vraiment pas vues venir. Je ne trouvais pas de solution à part le divan et je comprenais que j’allais devoir à nouveau m’investir dans une thérapie.
Puis au mois de juillet de cette année, j’ai enfin pu partir quelques jours au bord de la mer. Cinq toutes petites journées qui m’ont fait sortir de ma roue de hamster où je m’étais enfermée sans m’en rendre compte et dans laquelle je tournais en rond. C’est là que j’ai pris une grande claque qui m’a réveillée. Les embruns peut-être ? Bref ! Il fallait que je respire. J’étais en train d’étouffer. J’ai marché le long de la plage, j’ai nagé, j’ai marché encore même sous la pluie et je me suis fait une promesse : Je vais sortir, m’évader, prendre du temps régulièrement pour aller voir ailleurs. J’avais enfin trouvé la porte de sortie de ma spirale infernale.
Dès mon retour j’ai recommencé à bien m’alimenter et j’ai exaucé un vieux rêve : Je me suis mise à la course ! Etant donné mon état d’anxiété qui me coupait littéralement le souffle, c’était tout un défi. J’ai commencé à courir avec un groupe. Le premier jour, le souffle court à l’idée de ne plus en avoir, j’ai couru à peine deux fois 5 minutes. J’étais sûre que j’allais mourir là. Je crois que mes poumons ont brûlé pendant au moins une semaine. Mais j’étais si bien encouragée par notre coach, «super Geneviève» aka lorignalquicourt.com, et le groupe que je suis revenue le deuxième jour, puis le troisième et ainsi de suite. Les minutes se sont lentement ajoutées. Savez-vous qu’une minute peut durer une éternité parfois ? Je vous le dis, J’y étais. Et finalement j’ai survécu, et je me suis accrochée. Grâce au groupe, je ne le dirai jamais assez, je me suis dépassée un peu plus chaque jour. Et chaque jour l’angoisse de mourir étouffée s’est éloignée un peu plus, laissant la place au bien-être, à l’énergie et surtout à la satisfaction d’être allée bien plus loin que ce dont je me croyais capable. Ça fait 10 semaines maintenant que je cours au moins 3 fois par semaine. Et je peux dire que la course m’a libérée. JE RES-PI-RE. Je me couche volontiers plut tôt, je dors la nuit, et je n’ai plus peur d’enfiler mes baskets même sous la pluie.
Dimanche j’ai couru mon premier 5 km en continu à Oka avec mon groupe de belles coureuses. C’est sûrement peu pour certains mais pour moi c’est énorme. Résultat ?: 37minutes 21 secondes. Youpidoupidou !!! Mon objectif était moins de 40 minutes. Et même si le dernier kilomètre m’a semblé durer une éternité j’ai un nouvel objectif : Le 10 km à Ottawa au mois de mai. Pire, comme je fais déjà beaucoup de vélo et que je ne nage pas trop mal j’ai un petit diablotin sur l’épaule (ou serait-ce une gazelle ? un orignal ?) qui me chuchote un vilain mot : Triathlon. Es-tu folle ???
Certes mon petit hamster est toujours là qui ne demande qu’à sauter à nouveau dans sa roue, et la course n’y changera rien, sur ce point je n’ai aucun doute. La psychanalyse devra prendre le relais. Il faudra bien faire sortir le méchant et le moment venu la parole reprendra son droit et son pouvoir. Mais avoir découvert la course, même si tardivement est en train de changer ma vie. Là dessus je n’ai également aucun doute.
Et vous ? Course ou psy?